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LA COUR DES MIRACLES

 

Entendez-vous les sons qui résonnent, le monde qui entonne, les mots qui tourbillonnent.

Ecoutez-vous les paroles qu’ils se disent, les verbes qu’ils épuisent, les corps qu’ils utilisent.

 

C’est la farandole, un spectacle de luciole, une fantaisie qui dégringole

Derrière les masques ils batifolent les menteurs sans vergogne qui jouent des personnages peint au vitriol. C’est de la courbette et de la sérénade, de l’amusement en plume de paon. Ils mangent et dansent tout en regardant s’ils rayonnent toujours d’un vert luisant. Ils tapent du pied et s’en amuse comme des enfants qui s’entretuent.

 

C’est un spectacle de marionnette, du grand guignol à la sauce starlette.

Regardez cette cour des miracles, ce royaume qui claque.

 

Et dans leur cœur ramollis l’espoir se liquéfie, de voir ce qu’il arrive à ceux qui perdent l’esprit, qui s’oublient dans la folie, qui fond de leur vie plaisir et idiotie sans se soucier de ce que l’on en dit.

Ils dansent sur le chemin et se remplissent la panse de vin, pour anesthésier leur chagrin, leur solitude tel un venin.

 

Amusez-vous bien cher bambins, profitez bien avant la fin, car soyez en certain vous trébucherez sur du crottin.

Prenez bien garde aux mocassins qui viendront écorcher votre peau de satin, maquillé et fardé de chagrin.

N’essayez point de tendre la main, car qui voudrait être souillé par un des siens.

 

Et du fond du trou regardez-les danser comme vous l’avez fait.

Dans l’obscurité entendez-les renier ce que vous avez été.

Seul dans votre chair, laisser mourir le peu qu’il vous reste.

 

Et si pour vous la vie des autres à toujours était une terrible farce,

Sachez que vous en avait été un parfait dindon.


 
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