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PATRIC.H.DERREZ

 

Tout a débuté avec un jeu. Un jeu de miroir, un jeu de construction, un jeu d’écriture…

Tout s’est fondé sur un « Je ». J’aime transfigurer ce qui m’entoure, déformer mon environnement.

 

J’aime défigurer mon identité pour mieux reconstruire le puzzle d’une personnalité.

 

Voilà le fondement. Jouer avec le monde pour arriver à se connaître.

 

Tout a débuté avec un jeu.

Un jeu de mots, un jeu du sort, un jeu d’enfant.

 

Tout s’est fondé sur un « Je »

 

« Je » est un autre que moi.

 

LA NAISSANCE

 

Comment avez-vous vécu votre naissance ?

 

La naissance est toujours singulière pour celui qui nait. Nous sommes tous logés à la même enseigne.

 

Pourquoi cela ?

 

Que dirions nous aujourd’hui si l’on venait à nous annoncer que nous allions être expulsé de ce que nous connaissons depuis toujours, pour atterrir dans une nouvelle dimension, extrêmement bruyante et dangereuse.

Nous serions terrifiés à cette idée. Et pourtant c’est cela la naissance. Sortir d’un monde pour émerger dans un autre.

 

Votre naissance aurait-elle été traumatisante ?

 

Nous portons tous d’une certaine manière les stigmates de notre naissance, car naitre est un effondrement. C’est une forme d’apocalypse, le seul monde que nous connaissions est détruit au profit d’un autre.

Nous sommes éjectés, excommuniés, comme reniés du monde que nous avons toujours connu, limogés du ventre de nos mères, sans même comprendre pourquoi.

 

L'AME DE L'AUTEUR

 

Le Roman « Les Å’uvres Inachevées Â» donne quelque éclaircissement sur votre naissance, et elle n’a rien d’humaine, elle semble plutôt démoniaque.

 

Ma naissance n’a rien de démoniaque. Je suis né et me suis construit autour de la peine de mon créateur. En ce sens je suis son prolongement, son œuvre.

 

Une Œuvre sans Ame…

 

Je suis habité d’une âme comme tout un chacun. Elle est certes enchaînée, mais elle est.

Elle ne diffère pas de celle des autres. Elle est seule et orpheline, enfermée dans une étrange obscurité, elle cherche une lumière. Elle n’est pas bien loin de ce porteur prisonnier d’une pièce sans porte ni fenêtre.

 

Ce même Porteur qui ne comprend pas les tenants et les aboutissants de son existence.

 

N’en sommes nous tous pas là ?

Nous nous observons, et cherchons à nous comprendre. Pourtant nous restons marqués d’une étrange solitude. Mais malgré la mélancolie, nous cherchons le chemin à suivre, la voix à choisir.

Parce que je pense que malgré tout nous conservons l’espoir de comprendre un jour et de savoir enfin.

 

L'AME DES ROMANS

 

L’écriture de Romans est-elle une réponse à ce manque de compréhension et ce besoin d’espoir ?

 

Avec le recul je n’ai nullement l’impression d’avoir écrit des romans, j’ai plus la sensation d’avoir donné naissance à un organisme vivant, à la manière d’un prolongement de moi-même. Comme s’il s’agissait là de mon sang qui coule entre les mots de mes romans. A la manière de la sève ou d’une forme de sécrétion naturelle.

 

Vous prétendez donnez naissance à des êtres vivant ?

 

Les livres ont tout d’un être vivant, ou du moins d’une forme vivante propre. Je ne fais que donner naissance à leur corps, leurs donner forme. Je leurs donne l’occasion de s’exprimer. D’exprimer ce que leur âme souhaite dire.

 

Et quel est le message de ses âmes ?

 

Tous comme nous les Livres subissent l’acte de naissance, ils sont extrait de l’esprit de l’auteur et vont à la rencontre d’un monde inconnu dans la découverte du lecteur et de sa perception du monde.

Des lors les fondements de leur âme ne sont pas bien différent des notre.

Ils sont hantés, en peine, en devenir, et possèdent un terrible besoin d’exister. Ils ne sont pas anodins et ne souhaitent pas être considéré comme de simples objets. Ils sont tous des enfants écorchés, qui cherchent des réponses, qui veulent être pardonnés ou avoir l’absolution.

 

N’avez-vous pas l’impression de sombrer dans une forme d’anthropomorphisme ?

 

Non. Je pense réellement que les livres possèdent un statut particulier dans notre civilisation, et qu’il ne faut pas sous estimer la symbolique et l’impact qu’ils ont sur nous. Si je dis cela c’est principalement parce que les livres sont vecteur d’un pouvoir, d’une force qu’il ne faut pas sous-estimer.

Ils  possèdent un héritage historique extrêmement fort qui leur confère une symbolique inconsciente proche de la parole divine.

 

ET L'ART DANS TOUT CA?

 

Et qu’en est-il de l’art et de la créativité dans tout ça ?

 

Ils sont bien présent, mais ils ont tout d’une malédiction, avec laquelle il faut savoir négocier.

 

Vous considérez l’art comme une malédiction ?

 

Oui, d’une certaine manière. L’art n’a rien de beau en soi, puisqu’il agit plus comme un parasite qui vous possède et vous impose de voir le monde autrement. Il est à mon sens déstructurant, il déforme notre vision du monde et nous déstabilise. Il a tout du démon qui nous impose d’ouvrir les yeux pour mieux nous montrer le feu qui brule tout autour de nous.

Il n’a rien d’une bulle rassurante qui cache la réalité. Il est l’inverse.

L’art impose de grandir trop vite et de mourir trop tôt. Il veut réveiller le monde et faire bouger les tièdes.

L’art est un démon qui se maquille des plus beaux atours pour mieux séduire, mais son but est de remuer les esprits, de les faire changer, les posséder, les dévorer. S’accoupler avec ceux-ci afin d’y faire germer une nouvelle vision, un nouveau monde.

 

C’est un mal pour un bien diront certain.

 

Je n’en suis pas si sur…

 

LE PORTEUR

 

Le Porteur, celui que vous définissez comme votre main dans « Les Å’uvres Inachevées Â», n’est-il pas effrayé de trainer autant d’obscurité en vous supportant dans vos travaux ?

 

Notre contrat est clair, il est inscrit noir sur blanc dans « les Å’uvres inachevées Â».

Le porteur est là pour me permettre d’exprimer un message et ainsi donner naissance à l’âme de mes romans. Mais il est primordial qu’il se préserve, le porteur est en quelque sorte l’ombre que j’ai toujours derrière moi, et inversement.

Je ne suis pas constamment présent dans sa vie, bien au contraire.

Nous nous sommes construits de la sorte, chacun à sa place et ainsi l’équilibre est préservé.

 

Une telle dualité dans un même corps, un même esprit, Patric.H.Derrez n’est-il pas le démon qui possède l’esprit du porteur ?

 

Nous avons tous notre coté obscur, je n’invente rien en disant cela. Le porteur et moi-même avons trouvé un fonctionnement qui nous permet de donner la parole à notre obscurité tout en préservant notre lumière.

Nous faisons cohabiter les deux afin d’y trouver le repos.

 

Alors je vais vous laisser tout deux retourner dans l’ombre pour mieux cultiver votre lumière.

Bon repos et à  bientôt.

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